Ma principale source d’inspi, c’est les gens autour de moi
Salut David Murguet (t'as vu on n'a oublié aucun "u"!),
Et vous avez pas non plus oublié le “r”. Merci pour ça.
Comment ça va en ce moment ?
Et bien écoutez ça va pas mal ; il fait beau, il y a des vagues sur la côte atlantique et la vie bordelaise est douce. Ça fait trois bonnes raisons de kiffer.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle David, mais ça c’est écrit plus haut. J’ai 36 ans, je suis Concepteur-rédacteur en freelance depuis un peu plus de 2 ans, après des expériences en agences et 6 ans passés chez Topito en tant que Responsable Brand Content.
J’ai quitté Paris en octobre dernier pour m’installer à Bordeaux et ça a été la meilleure idée du monde.
J’aime la F1 (même si depuis quelques temps c’est tout de même très chiant), l’OM, la musique de vieux avec des guitares électriques dedans, rester des plombes au large sur ma planche dans le silence et je cuisine mes ramens moi-même.
Je sais, on est pas sur Tinder mais vous me demandez de me présenter, je me présente.
J’ai une fibre écolo (oui, je suis plein de contradictions) et justice sociale assez forte qui me motive au quotidien, j’accompagne d’ailleurs le mouvement On Est Prêt depuis mon passage en free.
Aujourd’hui on parle de conception-rédaction, mais je fais aussi de la stratégie Social media : édito et du conseil en Brand Content.
En tant que concepteur rédacteur, peux-tu nous expliquer ton intérêt pour les réseaux sociaux ?
Les réseaux permettent de toucher les utilisateurs là où ils sont, au bon moment. Et donc de créer une relation plutôt cool avec eux.
J’aime également le fait de travailler du texte court, je ne m’éclate jamais autant que quand je dois sortir un ou deux mots en une journée. C’est là qu’on va chercher l’essence de chaque sens, de chaque lettre.
Et c’est aussi un vrai kiff de trouver l’illustration qui va venir compléter les mots qu’on a en tête. Je ne suis ni DA ni graphiste, mais je pense beaucoup aux images quand j’écris.
Quelle est ta définition d'un bon contenu et quels sont les éléments clés pour qu'un contenu soit efficace et mémorable ?
Pour moi, le bon contenu, c’est celui qui s’inspire de la vraie vie, des vrais gens et de leur quotidien. J’aime l’insight simple, celui dans lequel tout le monde peut se reconnaître.
Et s’il est drôle, c’est toujours un plus. (Je l’ai dit, j’ai passé 6 ans chez Topito, ça laisse des traces.)
Enfin, je crois très fort au bon sens et au concret.
La théorie m’ennuie. Je ne vais jamais passer 1 heure à lire un article m’expliquant un sujet technique, je préfère écouter un Youtuber, regarder un film qui plonge dedans ou parler avec un pote qui le connaît mieux que moi.
Quelles sont tes sources d'inspiration et comment les intègres-tu dans ton travail ?
Ma principale source d’inspi, c’est les gens autour de moi. J’ai vécu 12 ans à Paris dans le milieu média / pub, et lors d’un voyage à l’étranger en 2015 j’ai pris conscience que j’étais pas mal déconnecté de la vraie vie.
Alors aujourd’hui quand je dois concevoir un contenu, je pense à mes potes, à ma mère, à ma sœur et à tous les gens que j’avais arrêté de fréquenter quand je vivais à la Capitale.
Je m’inspire aussi de mes lectures, des films que je regarde et de mes expériences perso. Ça demande un peu d’introspection mais c’est un exercice que j’aime. Idéalement quand j’ai besoin d’avoir une idée, j’essaie de me couper un peu de mon quotidien ; je vais dans un endroit inconnu, avec des gens que je ne connais pas et j’écoute de la musique nouvelle. Ça me permet d’avoir un œil neuf et de ne pas toujours suivre les chemins évidents.
Comment parviens-tu à capter l'attention de ton audience et à te démarquer dans un paysage où tout le monde propose du contenu ?
Comme je le disais plus haut, j’essaie au maximum de faire marrer mon audience. C’est comme dans la vie : si la personne en face de toi (ou le lecteur, l’abonné…) décroche un sourire, tu as déjà gagné une bonne partie de son attention.
C’est d’ailleurs souvent pour ça que mes clients viennent me voir. Transformer un sujet sérieux en un contenu divertissant, c’est mon kiff.
J’aime la simplicité, le contenu qui exprime une idée de façon claire au plus grand nombre. Je vois passer beaucoup de campagnes qui me donnent l’impression de parler uniquement aux initiés de la pub, et c’est tout ce que j’évite.
Quelles sont les étapes de ton processus créatif pour créer des concepts percutants ?
La première étape, c’est de m’isoler. Soit je reste chez moi, soit je pars dans un endroit qui m’inspire. Ça peut être un paysage naturel comme une terrasse de mon quartier. Tout dépend de mon état d’esprit du moment.
Ensuite : l’environnement sonore. Là encore ça dépend du moment. En ce moment, je me balade entre une playlist instrumentale des films Ghibli, les discussions des gens en terrasses et un best-of de Sonic Youth.
J’ai toujours une feuille de papier ou un cahier avec moi. Déjà qu’il est difficile de brainstormer seul (c’est le seul inconvénient à ma vie de free aujourd’hui), si je dois faire ça sur un doc Google, c’est mort. Le stylo me donne une plus grande liberté, j’aime les ratures et jouer avec la forme des mots.
Là, je pense à ce grand poète qu’est Kalash :
“Pour baiser le game, j'ai enchaîné les joints
Et j'ai manipulé les syllabes.”
Sauf que je fume pas de joints.
Donc je déconstruis les mots, les phrases pour leur donner une forme nouvelle, leur faire dire des choses qu’on attend pas forcément. Je joue avec les parenthèses, les points, je casse ce qui peut l’être, sans pour autant trahir la langue française que j’aime beaucoup.
Ça, c’est surtout pour des missions de naming / concept.
Quand je dois écrire des contenus plus longs, je me laisse aller autant que je peux, sans réfléchir. Et une fois que j’ai sorti ce qui vient tout seul, je me pose face à mon taf et j’essaie de voir ce qui me paraît cliché, facile, déjà-vu, et je retravaille.
Dans tous les cas, je me plonge souvent dans des listes de citations, de répliques de films ou de paroles de chansons. Pour ça, l’IA me file un sacré coup de main.
Raconte-nous (avec les détails croustillants) un projet récent dont tu es fier. Qu'est-ce qui a été le plus difficile et le plus gratifiant ?
Je pourrais vous parler de la fois où vous m’avez contacté pour trouver le nom Triple Yeah!, mais vous connaissez déjà l’histoire.
Sinon, j’ai récemment bossé pour l’agence Spintank, qui avait imaginé une super activation pour le Réseau Action Climat. Ma mission consistait à incarner une fausse intelligence artificielle répondant aux questions des utilisateurs sur Twitter au sujet de la sobriété énergétique.
Cette IA nommée Sobri n’était ni intelligente, ni artificielle, et mon taf consistait surtout à créer du contenu divertissant, qui redirigeait toujours vers un article rédigé par le RAC, et qui répondait vraiment à ces questions.
Le vrai challenge était de trouver des idées de vannes, de jeux de mots pour animer le compte Twitter pendant une semaine mais finalement, en utilisant les références du milieu climat et quelques trends (sans forcer, promis), c’était vraiment une mission agréable, avec un client qui m’a très vite fait confiance ; la clé pour être réactif et spontané.
Au final, on a fait exploser le reach du compte Twitter, et eu énormément de retours positifs de personnes qui n’avaient pas l’habitude de se marrer en abordant ce type de thématique.
On a bien sûr eu droit à quelques attaques de trolls (ouais, y’a des gens qui n’aiment pas qu’on leur demande de moins consommer pour tenter de préserver notre petite planète), mais l’ironie et le second degré étaient nos meilleures armes pour répondre sans blesser personne.
Comment gères-tu les critiques et les commentaires négatifs sur ton travail ? As-tu des conseils à partager ?
Mon conseil le plus important, c’est d’avoir le moins d’égo pro possible. Je pensais avoir réussi ça, mais je me rends compte de temps en temps qu’il est toujours là, et que je peux parfois être vexé par un retour ou une décision venant du client.
Récemment, après 3 jours de réflexion sur une mission de naming et quelques idées que je trouvais plutôt cool, le client a interrogé ChatGPT et a choisi sa proposition plutôt qu’une des miennes. Je vais pas mentir, mon égo a pris un petit coup.
Mais de façon générale, je considère que mon travail n’est pas la partie de moi que j’aime valoriser. J’ai lâché mes envies de carrière, je sais que je m’épanouis plus dans mes loisirs et avec mes potes que dans mon taf. Donc quand je m’agace sur un truc pro, je fais un pas en arrière, je respire et je me dis que c’est que du taf, et surtout que je ne fais pas un job qui va sauver le monde.
Penses-tu que les réseaux sociaux ont changé la façon dont les marques communiquent avec leur public ? Quels sont les impacts que tu observes ?
Évidemment !
Le premier effet qu’on observe à mon sens, c’est un besoin compulsif des marques de prendre la parole sur la moindre tendance. Le FOMO des marques. Et si ça peut bien sûr aider à la créativité, ça pousse souvent ces marques à faire du contenu moyen, pour ne surtout pas rester silencieuses.
On l’a vu récemment par exemple avec l'histoire de la fille qui a trouvé un canapé haut de gamme sur son trottoir et l'a restauré ; à partir du moment où les marques se sont emparées du sujet, j’ai commencé à voir des tweets qui ne me faisaient plus rire, du forcing qui cassait toute la spontanéité de la trend.
On assiste également à une concurrence un peu forcée sur les réseaux ; quand [marque de fast food 1] voit passer une tendance et se l’accapare pour un tweet déjà forcé, [marque de fast food 2] ne peut pas s’empêcher de lui répondre. Les utilisateurs kiffent souvent, mais avec un œil pro (et donc souvent critique), ça rend le truc vraiment lourd.
Les réseaux ont aussi pas mal délocalisé la prise de parole. Là où avant, Coca parlait sur les comptes de Coca, ils peuvent maintenant s’offrir des ambassadeurs plus proches de leurs audiences pour consolider la relations qu’ils ont avec chaque utilisateur.
Parce que oui, dans un monde idéal, on fait plus confiance à un créateur ou une créatrice de contenu qu’on apprécie pour ce qu’il ou elle nous apporte au quotidien qu’à une multinationale. C’est parfois un peu pervers, mais quand c’est bien fait (et j’entends par là quand ça laisse le créateur ou la créatrice s’exprimer librement, en respectant sa propre ligne édito), ça casse des barrières que la pub avait construites durant des décennies.
Pour des marques responsables, c’est une sacré opportunité !
Il y a un vrai plaisir pour ma part à travailler avec ces créateurs, à mélanger les idées et à parfois mettre de côté de produit ou le service pour lui offrir un contexte édito plus riche.
Si je souhaite me lancer et communiquer sur les réseaux sociaux, quels conseils donnerais-tu pour choisir le bon format, les bons hashtags et le bon ton ?
Premier conseil : tu contactes Hyperealist et tu leur demandes de me mettre sur le projet.
Deuxième conseil : respecte tes utilisateurs. C’est bête, mais ce sont eux qui te font vivre, tu leur dois bien ça. Ne les prends pas de haut, rappelle-toi qu’ils sont malins et qu’ils voient TOUT.
Troisième conseil : sois naturel, respecte-toi et respecte ton ADN.
Quatrième conseil : trouve un contexte ! J’en parlais juste avant, c’est un truc vraiment central pour moi. Il n’y a rien de plus agréable qu’un client qui accepte de ne pas tout centraliser sur son produit son service, pour parler de ce qu’il y a autour.
Mon meilleur exemple est celui d’une pote qui bossait pour un hôtel à Angoulême. Un jour, elle me dit qu’elle a déjà parlé de tous les services de l’hôtel. Ils ont de belles chambres, un resto sympa et un staff souriant. Super, et après, on raconte quoi ? Pas facile de tenir sur la durée en ne parlant que de ça.
Je lui ai alors proposé de s’intéresser à ce qu’il y avait AUTOUR de l’hôtel : une ville, une histoire, des rues, des événements… Et si l’hôtel se posait en guide touristique, en facilitateur de séjours dans la région ?
À partir de là, elle a eu 1000 idées de contenus inspirants et utiles, qui positionnait l’hôtel dans un vrai rôle et lui donnait une identité forte dans la ville.
Le bon ton, c’est celui dans lequel tu te reconnais et dans lequel ton audience se reconnaîtra aussi. LA question que je me pose avant de publier un contenu, c’est “Est-ce que je publierais ça si c’était pas payé ?”. Si la réponse est non, alors je recommence.
On nous demande souvent s'il faut parler français ou anglais, notamment dans la stratégie de hasthags sur instagram. Tu le gères comment le franglais toi ?
Pour les hashtags, c’est du cas par cas. Évidemment, si ma cible est 100% francophone, je reste sur du Français.
Mais souvent, je fais un mix Français / Anglais, en intégrant les hashtags les plus utilisés sur mon sujet. Et pour ça, pas de secret ; je regarde ce que fait la concurrence, je cherche sur des sites qui répertorient les hashtags les plus utilisés, et je fais quelques tests sur la plateforme concernée.
Quels sont tes nouveaux objectifs et défis dans ta carrière ?
Je ne pense plus vraiment comme ça ; pour moi, la carrière n’est plus un sujet. Je veux avant tout trouver le bon équilibre entre ma vie pro et mon temps perso. Le Covid a complètement chamboulé mon rapport au temps. Quand je suis passé à 50% pendant le premier confinement, je me suis rendu compte que je pouvais faire le même taf, mais en deux fois moins de temps. Le calcul était donc simple : je “perdais” 50% de mon temps, que j’aurais pu consacrer à des choses qui m’épanouissaient vraiment.
Je suis super conscient de la chance que j’ai de pouvoir gérer ce temps comme je veux, c’est pas donné à tout le monde. Mais je considère le salariat comme un piège certes confortable, mais qui m’enfermait dans une routine qui ne me laissait ni le temps ni l’espace mental pour réfléchir à ce que je voulais vraiment.
Bien sûr, il faut également être réaliste. Ma conseillère bancaire n’est pas vraiment alignée avec mon discours, et je sais que pour acheter une maison ou ce genre de choses, c’est pas les journées à la plage qui vont m’aider. Mais je pense qu’il y a une juste balance à trouver.
Après, sans entrer dans une démarche de création de boite ou d’agence, je cherche toujours des profils cool avec lesquels travailler.
À terme, je crois que j’aimerais bien monter un collectif de freelances avec qui travailler en fonction des sujets et des envies de chacun. Je commence à monter sur des sujets avec des gens que j’estime et en qui j’ai confiance.
C’est agréable de retrouver des échanges que j’avais perdus en quittant ma boîte ; on se retrouve autour d’une bière, on discute et on échange nos façons de bosser. Au final, on ressort toujours avec des idées qu’on n’aurait pas imaginées et un taf qui nous ressemble.
Bravo ! Tu es arrivés au bout de toutes les questions ! Merci pour ce partage David 🫶